Le Pélican est le 4ème opus des "petites pièces de chambre" dans lesquelles Strindberg exhibe l'homme avec cette maxime en entête :
« Je ne bastis que pierres vives : ce sont hommes. »
Il y a la mère qui ne veut rien voir de la détresse qui l'entoure, car elle en est l'instigatrice.
Il y a Margret, la servante, qui a intériorisé la misère, qui y voit le doigt de Dieu, qui se réconforte du malheur comme les âmes pauvres, en apprenant à le détecter avant les autres.
Il y a les deux enfants: le "fils", la victime par excellence, dont la révolte est impuissante, et qui se résoudra au désespoir, et la "fille", enjeu passif de toutes ces tractations, qui finira par découvrir qu'elle est la plus jouée de tous.
Et puis, il y a le gendre, ce bellâtre cynique, qui entre dans cette catégorie de mâles que Strindberg exècre plus encore que les femmes castratrices, si cela se peut. Une gouape qui n'est elle-même qu'un jouet dans les mains de la génitrice...
Le titre est choisi par anti-phrase. La mère est tout le contraire d'un pélican, d'une nourricière débordante de bienfaits: elle prive ses enfants jusqu'à les affamer, et, si elle a toléré que sa "fille" prenne un mari, c'est parce qu'elle lui a donné son propre amant... On ne mange pas à sa faim dans cet cave, ersatz d'appartement bourgeois où elle règne depuis que le père, écoeuré par tant d'égoïsme, a préféré jeter l'éponge. On s'y chauffe à peine...
"Le Pélican, de Strindberg, est un cauchemar. Les êtres y échappent totalement au naturalisme, ils ont cette impassibilité des figures mi-réelles mi-virtuelles qui habitent les songes." Armand Delcampe
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SUPPORTS À LA VENTE
CD AUDIO de LA FIN DE SATAN d'après le texte de Victor Hugo lu par Jacques Merle et mis en musique et en son par Leo Plastaga